Hvergelmir est une source d’eau chaude située dans le royaume de Niflheim. Ce gigantesque point d’eau a été formé à partir de la fonte des glaciers de Niflheim causé par la chaleur ardente de Muspelheim. Hvergelmir est la plus ancienne source d’eau, ayant émergée avant même la création des neufs mondes de la mythologie nordique. Elle est la source mythique d’où serpentent les 11 rivières Élivágar qui alimentent l’univers cosmique. Elle est également celle qui fournit l’eau vitale à l’une des trois racines d’Yggdrasil.
Hvergelmir, une source d’eau primordiale
De sa création à son influence sur l’équilibre du cosmos, découvrez Hvergelmir, la source d’eau primordiale qui se distingue comme la plus vitale de l’histoire des mythes nordiques.
Étymologie
Hvergelmir est un composé de « Hver » qui peut avoir plusieurs significations, mais la plus logique est « chaudron » ou « ébullition« . Le même terme est utilisé lorsque Týr et Thor vont chercher un chaudron auprès de Hymir. La deuxième partie, « -gelmir« , est souvent utilisée dans les noms jötnar (géants). Dans Vafthrudnirsmál, strophe 29, nous trouvons trois de ces noms :
« Bien des années avant la formation de la Terre,
Bergelmir est né ;
Thrúdgelmir était le père de celui-ci,
Et Aurgelmir le grand-père. »
Aurgelmir est un autre nom que l’on donne à Ymir, le premier des jötnar. Dans tous ces cas, « -gelmir » signifie « crier » ou « rugir« . Néanmoins, bien que certains utilisent le terme « crieur » pour traduire « -gelmir« , l’idée de « rugir » semble offrir une connotation plus forte et plus appropriée.
Par exemple, Bergelmir peut être traduit « ours rugissant » et Thrudgelmir « force rugissante« . Lorsqu’on applique cette logique à Hvergelmir, on pourrait aboutir à « chaudron rugissant » plutôt qu’à « chaudron bouillonnant« . Le terme « bouillir » ne capture pas entièrement l’essence du nom. Hvergelmir illustre le caractère tumultueux de cette source primordiale, dont les eaux bouillonnantes et empoisonnées jaillissent avec force.
Origines de la source Hvergelmir
L’histoire de Hvergelmir commence avant même l’aube du cosmos nordique. Cela remonte à l’époque précédant la création. Il y avait deux grands royaumes primordiaux, Niflheim, un monde de brume et de glace, et Muspelheim, un monde de chaleur et de feu.
Au fin fond de Niflheim, se trouvait la source bouillonnante d’eaux empoisonnées. Hvergelmir, parfois décrite comme un puits, alimentait les 11 rivières connus sous le nom d’Élivágar. Ces rivières glacées coulaient de Niflheim et s’étendaient de plus en plus vers le Ginnungagap. Hvergelmir est née du rapprochement entre Muspelheim et Niflheim. La chaleur ardente du monde du feu a fait fondre le gel du monde de la glace, donnant ainsi naissance à cette source d’eau.
Même si elle était décrite comme contaminée, toxique, dangereuse et habité par des serpents monstrueux, Hvergelmir est la source de toute vie. En effet, c’est là-bas dans le vide primordial qui séparait Niflheim de Muspelheim que la vie allait surgir. Sortant de la mare primordiale d’eau empoisonnée, Ymir (Aurgelmir en vieux norrois), le premier jötunn émergerait. Il sera plus tard rejoint par Buri, le premier des Ases, émergeant de la glace elle-même.
Hvergelmir selon Snorri Sturluson
Dans l’Edda en prose écrite par Snorri Sturluson, Hvergelmir est mentionné à plusieurs reprises, mais uniquement dans la section intitulée « Gylfaginning« . Ici, la source est représentée comme un élément central de Niflheim, le royaume brumeux des morts :
« Il y a bien des siècles avant la création de la terre que Niflheim fut créé, et au milieu d’elle se trouve une source appelée Hvergelmir, d’où coulent les rivières appelées Svöl, Gunnthrá, Fjörm, Fimbulthul, Slídr et Hrídr, Sylgr et Ylgr, Víd, Leiptr; Gjöll est à côté des portes de l’Enfer. »
Cette description place non seulement Hvergelmir à Niflheim, mais nomme également les rivières qui en émergent. Cependant, les rivières Élivágar varient un peu en nom et en nombre, selon la source.
Les racines d’Yggdrasil
La source Hvergelmir fait aussi partie des trois sources qui alimentent en eau les trois racines d’Yggdrasil, l’Arbre-Monde dans la mythologie nordique. Les deux autres sources étant Urðarbrunnr (Puits d’Urd) et Mímisbrunnr (Fontaine de Mímir).
Yggdrasil menacé par sa source
Le dragon Nídhögg et d’innombrables autres serpents vivent dans les eaux bouillonnantes et empoisonnées de Hvergelmir. Ils rongent les racines d’Yggdrasil, provoquant dommages et décomposition.
La source de Hvergelmir est l’un des puits d’où Yggdrasil puise son eau, mais il provoque également sa dégradation. D’ailleurs, la pourriture des racines d’Yggdrasil aurait pu contribuer à libérer Hel et les morts de Helheim pour lancer leur attaque contre les dieux pendant le Ragnarök.
C’est un excellent exemple de la dualité que l’on retrouve souvent dans la mythologie nordique. De la même manière, de nombreux dieux sont tiraillés entre des forces opposées, bonnes et mauvaises, bienveillantes ou cruelles.
Hvergelmir et Yggdrasil dans Gylfaginning
Une mention dans « Gylfaginning » met en évidence la relation entre Hvergelmir et Yggdrasil. Le texte décrit les trois grandes racines de l’Arbre-Monde, dont l’une s’étend sur Niflheim, là où se trouve Hvergelmir :
« Sous cette racine se trouve la source Hvergelmir, et la base de la racine est rongée par le dragon Níðhöggr. »
Ce passage détaille comment la source soutient Yggdrasil, mais décrit également la présence menaçante de Níðhöggr, ajoutant une couche dramatique au récit de la source.
Le cerf Eikþyrnir, la source de Hvergelmir
L’Edda poétique, un recueil de poèmes en vieux norrois du XIIIe siècle, fournit une mention rare mais significative de Hvergelmir dans le poème « Grímnismál« . Ce poème est un trésor de connaissances mythologiques, transmis par la voix du dieu Odin, déguisé en Grímnir. Il décrit le cerf cosmique Eikthyrnir, dont les bois dégoulinent d’humidité qui tombe dans Hvergelmir, la source d’où jaillissent toutes les eaux :
« On appelle Eikthyrnir le cerf, qui se tient au-dessus de la salle d’Odin et qui mord les branches de Laerad ; de ses cornes tombent des gouttes dans Hvergelmir, d’où jaillissent toutes les eaux. »
Notez que Laerad est un autre nom pour Yggdrasil, et « la salle d’Odin » fait référence au Valhalla. Après cette strophe, une litanie de noms de rivières est présentée, certaines coulant vers la demeure des dieux et d’autres vers le royaume des morts, illustrant la vaste influence de la source.
L’Edda en prose raconte également l’origine des eaux de Hvergelmir à travers le cerf Eikþyrnir :
« Le cerf Eikþyrnir se dresse au sommet de la salle de l’au-delà Valhalla, se nourrissant des branches d’Yggdrasil, et de ses bois, de grandes quantités de liquide s’écoulent jusqu’à Hvergelmir. »
Ces images saisissantes renforcent l’interconnexion de la vie, de la mort et des forces de maintien du cosmos. Eikthyrnir mange des feuilles, l’eau coule de ses bois dans Hvergelmir, qui nourrit l’arbre dont se nourrit le grand cerf.
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