Imaginez une aube brumeuse, le cri des mouettes sur une mer d’acier, et un long bateau viking prêt à s’embraser.
Chez les hommes du Nord, la mort n’était pas une fin. C’était un voyage. Une traversée. Un départ solennel vers des mondes invisibles mais puissamment réels. Dans cette culture farouche et mystique, on ne quittait pas la vie comme on ferme une porte. Non. On la quittait avec fracas, cérémonie, et parfois, une goutte de sang. Les rites funéraires chez les Vikings étaient autant de passerelles vers l’au-delà. Ils n’étaient pas accessoires. Ils étaient vitaux.
Car ce que l’on faisait du corps, des objets, et même du souffle du défunt, déterminait où irait son âme. Au Valhalla pour les braves, festoyer éternellement dans la grande salle d’Odin. Ou bien, vers Hel, un monde plus froid, plus silencieux. Mais pas moins sacré. Ce lien entre les gestes des vivants et le destin des morts façonnait tout. Les croyances. Les coutumes. Les flammes. Les chants. Les larmes.
Et aujourd’hui encore, des siècles plus tard, leurs tombes nous parlent. Elles murmurent que chez les Vikings, mourir n’était jamais banal. C’était sacré.
Les croyances vikings concernant l’au-delà
Chez les Vikings, l’au-delà n’était pas un vœu pieux ni une douce consolation. C’était une certitude. Un paysage vaste, peuplé de dieux, de guerriers et d’ombres glacées.
Plusieurs noms plus ou moins connus surgissent de la mythologie nordique pour nommer cet au-delà : Valhalla et Helheim. L’un, baigné de lumière et de cris de toire. L’autre, plongé dans un silence gelé, sous le regard impassible de la déesse Hel. Mais pas que…
Le Valhalla : la salle d’Odin pour les guerriers
Valhalla, c’est le rêve des braves. Une immense halle aux 540 portes, la Valhöll qui se situe dans la partie d’Asgarð appelée Gladsheim, où les Einherjar — les morts glorieux — boivent de l’hydromel qui coule des pis de la chèvre Heidrun, mangent de la viande du sanglier Saehrimmir, rient, et s’entraînent pour le Ragnarök. Pour entrer dans le royaume d’Odin ? Il fallait tomber l’épée à la main. Les boucliers en sang. Les yeux ouverts. Le choix des morts revenait aux Valkyries, ces vierges armées qui galopaient entre les champs de bataille et le ciel.
Fólkvangr et Sessrúmnir : le domaine de Freyja
Mais Odin ne prenait que la moitié des guerriers. L’autre moitié ? Elle rejoignait le Fólkvangr, « la plaine du peuple », domaine de Freyja. Une terre douce, vaste, lumineuse. Au cœur de cette plaine, trônait Sessrúmnir, sa salle aux innombrables sièges.
On y chantait. On y buvait. On s’y souvenait. Comme au Valhalla. Mais avec Freyja pour hôtesse. Ce lieu accueillait aussi les femmes mortes avec noblesse. Pas besoin d’épée. Juste de grandeur.
Helheim : le royaume des morts paisibles
Helheim, lui, n’était pas un enfer. Mais une destination pour ceux qui mouraient d’un rhume, d’un âge trop long ou d’un poison lent. Un monde souterrain, froid, étranger à la gloire. La déesse Hel, mi-femme mi-cadavre, y régnait sans colère ni joie. Simplement.
Ces croyances n’étaient pas des histoires pour endormir les enfants. Elles guidaient la main des vivants. On enterrait un guerrier avec ses armes, ses bottes, parfois même son cheval. Pour qu’il arrive prêt. On brûlait les corps, pour libérer l’âme dans la fumée. On chantait, on versait de l’hydromel sur la terre, on traçait les runes dans le bois.
Car si le mort ratait sa route…Il risquait de revenir.
Helgafjell : la montagne sacrée des ancêtres
Et puis, plus secret encore : le Helgafjell, « la montagne sacrée ». Lieu mystérieux. Familial. On y retrouvait les siens. Les morts d’un même clan. On y vivait comme avant, autour d’un feu. On discutait. On riait. On buvait, même après la mort. Mais cette montagne n’était pas pour tout le monde. On ne pouvait même pas la regarder sans se laver le visage. Elle exigeait respect. Pureté.
Seuls certains voyants pouvaient la « voir » vraiment. Ils décrivaient les défunts, rassemblés là, autour d’un foyer.
Vivants dans l’au-delà, comme ils l’étaient ici. Aujourd’hui encore, le Helgafjell existe. C’est un volcan endormi, sur l’île islandaise de Heimaey. Et rien qu’en le nommant, on entend presque des voix.
Le royaume de Rán : l’abîme des noyés
Enfin, il y avait la mer. Et le royaume de Rán. Celle qui accueille les morts noyés, perdus en pleine mer.
Rán, dont le nom signifie « rapt », est l’épouse du géant Ægir. Ensemble, ils engendrèrent les vagues. Elle possède un filet dans lequel elle attrape les marins et les tire vers les abysses. Une étreinte sans retour. Les Vikings pensaient que si un défunt apparaissait lors de son propre banquet funéraire, cela voulait dire qu’il avait été bien accueilli par la déesse.
Peut-être est-ce aussi pour cela que tant de morts furent enterrés en bateau ? Pour naviguer encore, même après la fin.
Náströnd : la rive des cadavres
Mais tous ne connaissaient pas un doux repos. Certains allaient à Náströnd, la rive des cadavres. Là-bas, on retrouvait les parjures et les meurtriers. Le lieu est sombre, glacial. Une salle immense, orientée au nord. Les murs sont faits de serpents entrelacés. Leur venin coule en rivière. Les condamnés y marchent pieds nus, leurs cadavres rongés par Nidhögg, le dragon qui se repaît de leur sang.
Un enfer nordique, sculpté de peur, de douleur, et d’oubli.
Chaque mort viking avait sa destination. Et chaque rituel cherchait à y conduire l’âme. Avec respect, avec panache. Et surtout, avec une poignée de magie.
Ce que les Vikings laissaient derrière… et emportaient avec eux
Pour les Vikings, mourir n’était pas disparaître. C’était changer d’état. Passer d’un monde à un autre. Un départ, pas un effacement.
Le corps n’était qu’un contenant. L’être, lui, était pluriel. Selon les croyances nordiques, chaque humain était composé de cinq forces distinctes :
- Le vǫrðr, souffle vital commun à tous les vivants. C’est lui qui s’échappe au moment du dernier soupir.
- Le hamr, le corps astral. C’est la forme intérieure, malléable, capable de métamorphose. Les guerriers-fauves en faisaient usage.
- Le hugr, l’esprit pensant. Il ne quittait le corps qu’une fois ce dernier retourné à la terre ou au feu. C’est lui qui voyageait vers l’au-delà.
- La fylgja, l’âme tutélaire. Elle veillait sur un individu ou un clan. Si elle apparaissait hors d’un rêve, c’était souvent un présage de mort.
- La hamingja, la chance familiale. Transmise de génération en génération. Elle pouvait fuir les indignes… ou être offerte à un héritier.
La mort était donc réelle, oui. Mais pas totale. L’individu continuait d’exister. En souvenir, en souffle, en protection. Et pour nommer ce qu’il laissait derrière lui, les Vikings n’avaient pas qu’un mot.
Ils disaient lik pour un simple cadavre. Nár pour un corps sans vie. Et hræ, la carcasse – qu’elle soit humaine ou animale.
Ces distinctions prouvent une chose : chez les Vikings, la mort n’était pas une fin brutale. C’était une recomposition. Un passage. Une autre forme de présence.
Les différents types de rites funéraires
La mort, chez les Vikings, était une affaire sérieuse. Pas de tombe anonyme, pas de silence sec. Chaque sépulture était une déclaration. Une architecture du souvenir. Une trace dans la terre, mais aussi dans les cieux.
Les archéologues ont mis au jour une grande variété de pratiques funéraires. Et à travers elles, un monde de symboles et de hiérarchies. Durant la première moitié de l’Âge Viking, on découvre autant de sépultures masculines que féminines. Mais dès le Xe siècle, trois tombes sur quatre sont celles d’hommes.
La crémation
Brûler, c’était purifier. Libérer. Faire partir l’âme vers les dieux. La crémation viking atteignait parfois 1400 °C, bien plus que les crématoriums modernes.
Deux formes principales étaient pratiquées :
- Crémation primaire : le bûcher était aussi la tombe. On y trouve des os calcinés, des objets, et souvent des animaux : chiens, chats, poules.
- Crémation à dépôt secondaire : les os étaient récupérés, triés, puis placés dans une urne en poterie. On y glissait aussi parfois des fragments d’artefacts et d’animaux, posés autour de l’urne.
Les tombes à crémation suivaient un axe est-ouest, et étaient recouvertes de pierres (cairns) ou de tertres.
Dans certaines régions comme Åland ou l’Est de la Suède, les vikings ajoutaient un anneau à amulettes au sommet de l’urne. On y suspendait un marteau de Thor, en guise de protection.
En Islande, une seule tombe à crémation viking a été trouvée. Le bois était trop rare pour qu’on le brûle. On le gardait pour survivre.
Des sites comme ceux de Birka (Suède) ou Lindholm Høje (Danemark) ont livré des traces saisissantes de ces bûchers. Des cendres mêlées à des armes, des os d’animaux, parfois même des restes de bateaux brûlés. La crémation était un rituel total. Un embrasement du corps… et du sacré.
L’inhumation en bateau
Le bateau, c’était l’ultime vaisseau. Celui qui portait l’âme vers l’au-delà. On le brûlait, ou on l’enterrait, ou parfois les deux.
Trois types existaient :
- Le bateau est brûlé en mer avec le défunt.
- Le bateau est brûlé à terre, puis recouvert d’un tertre.
- Le bateau est enterré intact, dans une fosse, parfois surmontée d’une chambre sépulcrale.
La tombe d’Oseberg est l’une des plus célèbres. Deux femmes, parées comme des reines, y reposaient dans un navire décoré, avec tout un trésor domestique.
Certaines tombes contenaient même deux bateaux superposés, comme à Vinjeøra. Peut-être pour signifier une lignée. Une mémoire familiale. Un droit sur la terre.
Et parfois, on ne trouvait que quelques rivets. Symboles d’un navire absent. Car même le symbole suffisait.
Les tertres tunéraires
Quand le bateau manquait, ou que l’on voulait simplement honorer les morts autrement, on construisait des tertres. Des monticules de terre. Imposants. Visibles. Comme des phares de mémoire.
Le corps y était enterré, souvent avec des biens personnels. Parfois après crémation, parfois intact. Le tumulus devenait alors monument. Une colline dédiée au souvenir et à l’élévation de l’âme.
Ce monticule recouvrait souvent des chefs, des rois, mais aussi de riches marchands. Il pouvait abriter :
- une tombe à crémation,
- une chambre funéraire en bois,
- ou un bateau-tombe complet.
Ce mode de sépulture a persisté même après la christianisation.
À Gamla Uppsala, en Suède, on peut encore voir ces tertres. Grands comme des géants endormis. Ils témoignent du respect immense que les vivants vouaient à leurs défunts. Et de la volonté, toujours, d’un dernier geste grandiose.
La maison mortuaire : le foyer de l’après-vie
Moins de 15 ont été retrouvées. Mais elles intriguent. Ces petites maisons, construites comme les vraies, accueillaient parfois des corps, parfois des cendres.
Parfois rien du tout. Elles pouvaient servir d’abri d’hiver pour les morts, en attendant une inhumation. Ou alors figurer leur demeure dans l’au-delà.
On y entrait, on y déposait des offrandes. On visitait les morts comme on rend visite à un ancêtre vénéré. Une façon de garder le lien.
Chaque type de sépulture était un choix. Un message. Une prière. Et surtout, une preuve : pour les Vikings, on vit avec panache… et on meurt pareil.
La tombe naviforme : pierre et symboles
Plus de 1500 de ces tombes ont été recensées. Souvent en Suède ou au Danemark. Des pierres levées dessinent la forme d’un bateau. Sans bois. Sans voile. Mais avec toute sa symbolique intacte.
Certaines contiennent des sépultures. D’autres non. Monument, tombe, ou les deux ? Les chercheurs hésitent encore.
Les pierres levées et runestones
Oblongues, dressées, muettes, les pierres levées marquent le lieu, l’absence, le souvenir.
Certaines sont runiques. Dédiées aux morts, aux exploits, aux disparus en mer. D’autres sont historiées, couvertes de motifs : dieux, héros, animaux. Les plus célèbres ? La pierre de Rök. Et les quatre de Stora Hammars.
Les Hogbacks : tombes de pierre et de bardeaux
Anglo-scandinaves, ces pierres tombales sculptées ont la forme de maisons longues. Parfois avec des têtes d’animaux. Parfois comme un toit de bardeaux. On en retrouve en Écosse, dans le nord de l’Angleterre (Yorhire, comté de Cumbria), et même jusqu’aux Shetland.
Chaque rite funéraire viking était un langage. Une architecture du deuil. Un pont entre les vivants… et ceux qui n’étaient jamais vraiment partis.
Les objets funéraires et sacrifices
Chez les vikings, on ne partait jamais seul. Ni nu. Ni sans histoire. Car la mort n’était pas une fin. C’était un départ. Et chaque départ mérite un bagage.
Importance des objets personnels enterrés avec le défunt
Dans chaque tombe viking, on retrouve des objets. Pas de simples ornements. Des fragments de vie. Tout ce qui faisait le quotidien. Et l’identité. Épées, haches, peignes, broches, ustensiles mais aussi… des bijoux. Et pas des babioles sans âme.…
Ces parures parlaient. Des broches d’argent ou de bronze finement ciselées. Des colliers de perles en verre coloré, ambre, ou cristal de roche. Des fibules en forme de marteau de Thor. Et même, parfois, des pierres gravées de runes.
Ces bijoux étaient plus que décoratifs. Ils montraient le statut du défunt. Ils servaient de talismans protecteurs. Ils étaient des offrandes, ou des clés pour l’autre monde.
On enterrait le guerrier avec son épée. La tisseuse avec ses fuseaux. Le marchand avec ses balances. Comme s’ils continuaient leur activité dans l’au-delà. Car pour eux, l’autre monde ressemblait un peu au nôtre. Il fallait y être prêt. Equipé. Paré.
Ces objets montraient aussi le rang du défunt. Sa richesse. Son pouvoir. Son rôle dans la communauté. Un chef était entouré d’or. Un simple homme, d’outils. Mais toujours avec soin. On plaçait ces objets avec respect. Comme si l’âme regardait, depuis quelque part, et jugeait l’hommage. Et ce geste, fait de main humaine, liait les vivants aux morts. Pour toujours.
Pratiques de sacrifices d’animaux et d’êtres humains lors des funérailles
Mais parfois, les objets ne suffisaient pas. Il fallait un souffle. Un battement de cœur. Une autre vie Les sacrifices d’animaux étaient fréquents. On les retrouve partout en Scandinavie. Même dans les colonies. Chiens, chats, poules… ce trio revient sans cesse. Toujours égorgés. Parfois brûlés. Parfois enterrés.
Mais pourquoi ? Pour accompagner le mort. Pas juste comme offrande. Comme escorte. Des animaux psychopompes, disent les chercheurs. Des passeurs d’âmes.
Le chien guidait l’esprit dans l’au-delà. Comme Garm, le gardien de Hel. Le chat comme les chats Thofnir et Hogni , doté de pouvoirs magiques, rappelait Freyja et son char félin. La poule, plus discrète, servait à lire l’avenir, à communiquer avec les défunts. C’est ce que raconte Ibn Fadlan, dans sa chronique sur les Rus’.
Et dans les tombes nobles ? Les bêtes deviennent signes de rang. Oiseaux de proie, faucons, chevaux, étalons. Symbole de force. De statut. De prestige. En Islande, des généticiens ont prouvé que certains chevaux enterrés étaient choisis. Pas n’importe quels chevaux. Des étalons puissants, porteurs d’une fonction divine.
Mais les vivants n’enterraient pas que des animaux. Il arrivait que des êtres humains soient sacrifiés. Souvent des domestiques. Parfois des concubines. Toujours en lien avec les plus hauts rangs de la société
Ibn Fadlan l’a vu. De ses propres yeux. Une jeune femme sacrifiée pour suivre son maître dans la tombe. Elle chantait. Elle buvait. Puis elle mourut. Et on alluma le feu.
C’était brutal. C’était sacré. Et surtout, c’était cohérent avec leur monde. Dans chaque bijou, chaque lame, chaque vie offerte,
les vikings laissaient une trace. Pas seulement de leur puissance… Mais de leur foi. Ces scènes peuvent nous heurter. Mais pour les Vikings, c’était un honneur. Une continuité. Le lien ultime entre les mondes.
Récits historiques et témoignages
Pour comprendre les Vikings, il ne suffit pas de fouiller la terre. Il faut aussi prêter l’oreille aux voix d’autrefois. Celles des voyageurs, des scribes… parfois choqués, souvent fascinés.
Analyse du récit d’Ibn Fadlan sur les rites funérailles vikings
En 921, Ahmad Ibn Fadlan, un érudit envoyé par le calife de Bagdad, rencontre un peuple qu’il n’avait jamais vu. Des Rus’, ces Vikings de l’Est, plantés là, tatoués des pieds à la tête, entre commerce et rites.
Et il assiste à une chose que peu d’hommes ont vue.Les funérailles d’un chef. Un véritable Brutal, organisé, spirituel… et sanglant.
Le mort repose d’abord dans la terre. Neuf jours. Pendant ce temps, ses proches boivent, pleurent, et préparent son départ. On lui construit un navire. On le pare d’objets précieux. Mais surtout, on désigne une jeune esclave pour l’accompagner.
Elle accepte. Elle sait. Elle mourra avec lui. Elle est habillée comme une reine. Elle boit, elle chante, elle dit adieu. Puis elle est tuée. D’un coup de lame. On dépose son corps auprès du maître. Et le feu s’empare de tout.
Ibn Fadlan est choqué. Mais il écrit tout. Chaque geste. Chaque mot. Il ne comprend pas, mais il respecte. Et grâce à lui, nous avons l’un des plus anciens témoignages directs de la mort chez les Vikings.
Évolution des rites funéraires avec la christianisation
Tout change. Même chez les Vikings. Et quand le Christ commence à s’inviter au banquet des dieux nordiques, les rites funéraires aussi basculent.
Transition des rites païens vers les pratiques chrétiennes
Au début, les flammes dominaient. Les bateaux brûlaient. Les objets étincelaient. Le sang coulait, parfois. Mais un jour, une croix est arrivée. Et avec elle, une toute autre façon de mourir.
La crémation ? Abandonnée. On enterre désormais. En terre bénie. Le défunt est placé tête vers l’ouest, face à l’est. Sans armes. Sans bijoux. Sans tumulus. Juste un corps. Et une âme à sauver.
Les prêtres remplacent les druides. Les psaumes remplacent les chants anciens. La croix chasse les runes. Lentement, mais sûrement.
Et les Vikings, à la surprise générale, acceptent. Pas tous. Pas tout de suite. Mais peu à peu, l’ancien monde s’incline devant le nouveau.
Impact sur les croyances et les rites funéraires
Avant, on partait vers Valhalla ou Helheim. Désormais, c’est le paradis ou l’enfer. Le combat devient confession. La bravoure devient foi.
Les tombes changent de visage. Les grands tertres se font rares. Les objets disparaissent, sauf quelques croix en argent, discrètes mais puissantes. Le silence s’installe là où régnait la flamboyance.
Mais tout n’est pas effacé. Certaines rites survivent. Un petit objet glissé dans la main. Une pierre runique posée près de la croix. Un clin d’œil aux anciens dieux. Juste au cas où.
La christianisation n’a pas tout balayé. Elle a superposé ses rites. Et les Vikings, peuple de l’entre-deux, ont su mélanger feu et foi.
Conclusion
Chez les Vikings, mourir, ce n’était pas s’effacer.C’était entrer en scène une dernière fois. Et quelle scène.
Chaque rite funéraire, chaque flamme, chaque objet glissé dans la tombe avait un sens. Tout était pensé, tout était chargé. De foi. De peur. D’honneur. Car au fond, les rituels funéraires disaient une seule chose : la vie continue… ailleurs.
Que l’on brûle un roi sur un navire flamboyant, qu’on enfouisse un artisan sous un tertre silencieux, ou qu’on offre une broche à une tisseuse partie trop tôt, le geste était le même : préparer le voyage.
Ces pratiques nous montrent un peuple qui n’avait pas peur de la mort. Ils la regardaient en face. La célébraient. Et ils faisaient de chaque adieu une œuvre. À la fois religieuse, poétique… et profondément humaine.
Les dieux changeaient, les croyances aussi. Mais l’envie d’honorer les morts, elle, ne faiblissait jamais. Alors quand on regarde une tombe viking aujourd’hui, on n’y voit pas que des os et des cendres. On y lit une histoire. Celle d’un peuple qui, même dans la mort, refusait de passer inaperçu.
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