La mythologie nordique est peuplée d’animaux et de créatures fascinantes, jouant un rôle essentiel dans l’équilibre de l’univers. L’un des plus connus du bestiaire viking est sans aucun doute Nídhögg, l’énorme serpent ou dragon vivant autour des racines de l’arbre-monde d’Yggdrasil.
Celui qui porte le nom de « dévoreur de cadavres » jouera un rôle conséquent dans la bataille finale du Ragnarök, opposant les dieux aux forces du chaos. Quel est donc ce serpent si mystérieux et perfide qui incarne le mal dans la culture viking ? Au travers de cet article, vous découvrirez la fabuleuse légende de Nídhögg, le dragon de la désolation.
Les origines de Nídhögg
Le nom de Nídhögg (ou Nidhoggr) peut signifier en vieux norrois « dévoreur de cadavres ». Connu comme un serpent ou un dragon gigantesque, cette créature vit sous la troisième racine de l’arbre-monde d’Yggdrasil, dans les tréfonds obscurs du royaume Niflheim. Les sources historiques affirment que Nídhögg existe depuis la nuit des temps, bien avant la naissance du monde viking. Néanmoins, il est cité dans le poème héroïque « Grímnismál » de l’Edda poétique :
« Nidhogg déchire les cadavres
à Náströnd.
Il suce le sang
des hommes mourants
et brise les cadavres. »
Une autre brève description est donnée dans le poème « Völuspá » de l’Edda poétique :
« Volant, arrivera le Dragon Noir,
Nidhogg montera, depuis les profondeurs de Nitha ;
Comme il survole les plaines, il porte sur ses ailes,
L’âme des damnés : maintenant ils sombrent… »
Enfin, dans la première partie de l’Edda en prose de Snorri Sturluson, le « Gylfaginning », Nídhögg est décrit ainsi :
« Nidhogg est un grand serpent
qui gît sous Yggdrasil ;
il habite les chemins d’Hel,
et mord les cadavres et les morts ;
et certains hommes l’appellent l’horreur de l’Enfer. »« Le frêne Yggdrasil
Subit des épreuves
Plus grandes que ne le savent les hommes.
D’en haut le cerf le broute,
Sur le côté il pourrit,
Et d’en bas Nidhogg le ronge.«
À quoi ressemble Nídhögg, le dragon du chaos ?
Dans les récits de la mythologie nordique, Nídhögg est une créature terrifiante comparée à un gigantesque dragon ou serpent. Il possède un corps colossal recouvert d’une armure d’écailles et deux cornes massives ornent sa tête. Dépourvu de membres antérieurs, ses énormes pattes postérieures cachent cependant une armée de griffes acérées. Des armes redoutables qui peuvent lacérer n’importe quelle autre créature.
Certaines sources rapportent également qu’il possède d’immenses ailes sombres, pouvant être celles d’une chauve-souris. Or, d’autres récits le décrivent avec plusieurs queues colossales et des yeux sombres injectés de sang.
Ce dragon serpentiforme est tellement gigantesque qu’il s’enroule sur lui-même. C’est pourquoi, Nídhögg inspire tant la terreur chez les vikings mais aussi chez les dieux, pourtant dotés d’une force extraordinaire et de nombreux pouvoirs. Ce n’est donc pas pour rien que cette terrible créature est surnommée « le dragon du chaos ».
Quel est le rôle de Nídhögg dans la mythologie viking ?
L’arbre-monde d’Yggdrasil est le symbole le plus important de la mythologie nordique. Cet immense frêne est en effet considéré comme le centre de l’univers. Ses trois énormes racines permettent de relier les neuf mondes divins et de préserver leur équilibre.
Un grand nombre de créatures et animaux sacrés peuplent les branches de l’arbre cosmique. Nous pouvons citer l‘écureuil Ratatoskr ou encore l’aigle géant Hraesvelg (qui jouent d’ailleurs un rôle important dans la légende Nídhögg). Mais Nídhögg, le dragon maléfique, vit dans l’obscurité, au milieu des énormes racines d’Yggdrasil.
Apporter la désolation et le chaos
Dans son Edda, Snorri Sturluson raconte que Nídhögg ronge sans relâche la troisième racine d’Yggdrasil. Cette racine est celle qui se situe au-dessus du royaume de la brume : Niflheim et de la source Hvergelmir, dont il est le gardien. En rongeant cette racine, le dragon espère ainsi apporter le chaos dans le cosmos viking en détruisant l’arbre sacré. Il cherche à tout prix à se délivrer de son repaire pour semer la terreur et la mort parmi les dieux.
Garder et protéger Náströnd
Dans les récits de la mythologie nordique, Náströnd est la partie située au Nord du royaume des morts, Helheim. Cet endroit lugubre gouverné par la déesse Hel accueille les criminels et ceux jugés pour parjure. C’est pourquoi, il est raconté que les murs de cette halle sont ornés de serpents (peut-être les enfants de Nídhögg) crachant du venin pour brûler les pieds des condamnés. Voici un extrait du poème la Völuspá qui illustre parfaitement Náströnd :
« Elle vit se dresser une salle
Loin du soleil
À Náströnd
Portes tournées au nord ;
Des gouttes de poison
Tombent par les lucarnes,
Cette salle est tressée
D’échines de serpents. »« Elle y vit patauger
Dans des fleuves épais
Des hommes parjures
Et des loups criminels
Et celui qui d’autrui
Séduit la femme ;
Là, Nidhöggr,
Suçait les cadavres des trépassés.
Le loup dépeçait les hommes.
En savez-vous davantage ? — ou quoi ? »
Ce terme signifie en vieux norrois « rive des cadavres », qui fait écho au nom de Nídhögg. En effet d’après certaines sources, le dragon géant en serait le gardien car, il se nourrit des cadavres jonchant la rive. Avec avidité, il suce le sang des parjurés pour se régaler de leur chair encore fraîche.
Par ailleurs, la prophétie du Ragnarök annonce que lorsque Nídhögg prendra son envol pour la bataille finale, il emportera sous ses immenses ailes tous les corps des damnés. Ces âmes déchues combattront aux côtés des forces du chaos pour anéantir l’univers des dieux vikings.
Nídhögg et Hraesvelg : l’équilibre fragile de l’univers viking
L’arbre-monde d’Yggdrasil est le centre de l’univers viking. Véritable écosystème, il abrite un grand nombre d’animaux et de créatures. A son sommet, trône fièrement l’aigle géant Hraesvelg. Il scrute avec attention les environs pour protéger l’Arbre-de-Vie de menaces extérieures.
Gardien de l’Arbre-de-Vie, il a pour mission de préserver l’équilibre des neuf mondes divins. Il représente donc un danger pour Nídhögg qui cherche justement à détruire l’Ancien Monde en empêchant le frêne cosmique de se régénérer.
Pourtant Nídhögg et Hraesvelg sont étroitement liés dans la mythologie nordique car malgré tout, cette rivalité préserve l’équilibre de l’univers. Mais pourquoi une telle hostilité entre ces deux créatures sacrées ? Tout simplement car Ratastokr, l’écureuil messager d’Yggdrasil, prend un malin plaisir à leur rapporter les injures et paroles malveillantes de chacun. Or, ces conflits incessants ont de graves conséquences sur l’arbre-monde d’Yggdrasil qui s’affaiblit. Il est alors obligé de se régénérer avec l’eau magique des puits d’Urd.
Il est même raconté dans certaines légendes nordiques que cette haine est si grande qu’un jour, Nídhögg entre dans une colère noire et se mit à secouer avec une force inimaginable le frêne cosmique. C’est ainsi qu’il parvient à se libérer de ses racines, annonçant alors la bataille apocalyptique du Ragnarök.
Le rôle crucial de Nídhögg dans le Ragnarök
Le dernier passage de la Völuspá décrit l’arrivée de Nídhögg pour la bataille apocalyptique du Ragnarök. L’immense dragon viking apparaît dans les cieux en portant sous ses ailes les âmes damnées. Il se range aux côtés des forces du chaos en se joignant aux géants afin d’anéantir les dieux. Or, la fin de cet épisode majeur est sujette à plusieurs interprétations.
Pour certains historiens Nídhögg met un terme au monde des dieux en emportant avec lui tous les morts au combat tandis que d’autres affirment qu’il est l’annonciateur d’une nouvelle ère. Avec lui prend alors fin l’ancien monde et donne naissance à un nouveau cycle cosmique. Il est l’une des seules créatures maléfiques à avoir survécu et incarnerait le mal et le chaos dans le nouveau monde.
Nídhögg dans la culture populaire moderne
Le dragon de la désolation viking est une véritable source d’inspiration pour les artistes contemporains. On le retrouve dans la littérature, les dessins animés mais également les séries télévisées et les jeux vidéo.
Littérature et bandes dessinées
Dans la série de romans « Les secrets de l’immortel Nicolas Flamel » de Michael Scott, Nídhögg est libéré de l’arbre-monde et est envoyé dans Paris par les Dises. On le retrouve également dans la série de bandes dessinées Thorgal de Rosinski et Van Hamme, où il incarne la force du mal. Par ailleurs, dans le manga Soul Eater d’Atsushi Ōkubo, Nídhögg donne son nom à un vaisseau fantôme mangeur d’âme.
Jeux vidéo
Nídhögg est une figure importante dans les jeux vidéo ayant pour thème la mythologie viking. Il apparaît dans de nombreux titres célèbres, comme :
- Nídhögg : ce jeu de combat multijoueur porte le même nom que le célèbre dragon mythologique. Ainsi, à chaque fin de combat, une séquence montre Nídhögg, sous forme de ver géant volant, dévorer le personnage vaincu.
- Borderlands : dans ce jeu de tir et de RPG, Nídhögg est le nom d’un lance-roquettes.
- Tomb Raider : Sur les traces de Lara Croft : dans cet opus, Nídhögg est un démon qui vit dans un puits sans fond.
Mais Nídhögg est également présent dans d’autres jeux vidéo épiques tels que : The Elder Scrolls V : Skyrim, dans le jeu en ligne World of Warcraft, Assassin’s Creed Valhalla, Age of Mythology, Fire Emblem, Titan Quest: Ragnarök et God of War: Ragnarök.
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