Présentée comme une sorcière, une chamane et une prophétesse, la Völva joue un rôle important dans la culture nordique. Or, cette prêtresse viking a-t-elle réellement existé ou, n’est-elle qu’un personnage fascinant de la mythologie nordique ?
En effet, la Völva est citée dans plusieurs mythes scandinaves car, elle est la gardienne de la prophétie et de la magie du seidr. Plongez au cœur de l’histoire fascinante de cette créature mystique, tout autant crainte et respectée, pour ses nombreux pouvoirs et dons surnaturels.
L’origine de la Völva
La Völva est un personnage assez mystérieux de la culture scandinave. Le terme Völva est tiré du mot « volr », que l’on peut traduire du vieux norrois par le terme « quenouille ». Il existe également le nom masculin « Völvo » et le pluriel « völur ».
Ainsi, la Völva est décrite comme une vieille sorcière, souvent apparentée aux Nornes. En effet, son nom peut signifier « porteuse de quenouille », un objet dont les Nornes se servaient pour tisser la tapisserie du destin des guerriers et dieux nordiques.
D’autre part, la quenouille est également appelée « seiðstafr », pouvant être traduit par « bâton de seydr ». Cet attribut est d’ailleurs associé à la déesse Freyja, qui est considérée comme une grande magicienne, excellant dans l’art du seidr, comme cela est conté dans de nombreux mythes scandinaves.
Il est important de savoir que la Völva viking maîtrise l’art de toutes les magiques nordiques, que cela soit :
- Le seidr (enchantement),
- Le spá (prophétie),
- Le galdr (magie des runes ou encore chamanisme).
La Völva est citée dans plusieurs sources historiques, comme l’Edda poétique et l’Edda en prose de Snorri Sturluson. Cette prêtresse viking est notamment présente dans le Völuspá (La prophétie de la völva). Ce poème explique qu’Odin fait un jour appel à une Völva pour connaître les événements passés, présents mais surtout à venir, des dieux vikings.
Voici un extrait du « Völuspá », d’après la traduction française de Régis Boyer :
« Je vis descendre / de la vallée gracieuse
Fille de Flóði / une jeunesse qui chevauchait.
Elle se tenait, / elle se dressait sur un tertre,
Un anneau brillant / et des colliers étincelants.
Odin était / celui qui pouvait
Si bien sonner / la magique harmonie,
D’un seul hochet / il évoquait la magie
Et il fréquente / les prophéties de la femme. »
Une sorcière nomade
Loin d’être sédentaire, la Völva voyage de village en village dès qu’elle est capable de pratiquer les rituels magiques et de divination. Ainsi, contre un peu de nourriture ou quelques pièces d’or, la Völva livre ses prophéties et n’hésite pas à échanger quelques tours de magie.
Or, cette voyageuse souvent pauvre et sans attache est loin d’être rejetée par la population. Bien au contraire, les villageois l’accueillent avec le plus grand respect et font souvent appel à elle pour assurer un rituel magique ou encore pour célébrer une fête importante.
Les pouvoirs de la Völva
Dans les sagas et les récits historiques mais également de la mythologie nordique, les Völvas sont des femmes qui possèdent un grand nombre de pouvoirs. Ainsi, elles étaient connues pour pratiquer plusieurs magies vikings.
Le Seidr
La plus grande magie que pratique la Völva viking est le Seidr. Le Seidr regroupe un ensemble de pratiques magiques comme des rituels chamaniques (état de transe chamanique) mais également des prières et des mauvais sorts.
La déesse Freyja est certainement le personnage de la mythologie viking qui maîtrise au mieux cette magie. Elle l’enseigne aux dieux Ases lorsqu’elle arrive à Asgard en tant que captive avec son frère Freyr et son père, le dieu Njörd.
Pour réaliser chaque rituel magique, la Völva utilise un bâton cérémonial, que l’on appelle également « bâton de Seidr ». Le rituel du Seidr est décrit dans la saga d’Erik le Rouge, avec la Völva Þórbjörgr.
Le Spà
Le Spà est le don de la prophétie puisque la Völva, au même titre que les Nornes, est une prophétesse. Cette sorcière viking était capable de lire l’avenir, mais également de donner des explications sur les événements passés et sur le présent. Très souvent, les vikings comme les dieux nordiques font appel à elle pour déchiffrer les mystères divins.
Le Galdr
Le Galdr est le pouvoir de l’incantation et la magie des runes, que les Völvas vikings savent manier à la perfection. Sous forme de chants ou de psaumes, la sorcière viking chante au rythme de différents instruments de musique pour réaliser un rituel magique, toujours bienveillant, en jetant les runes.
La Völva, mythe ou réalité ?
La Völva est un personnage que l’on retrouve dans de nombreux récits de la mythologie nordique. Cependant, il semblerait que cette prophétesse et sorcière viking est réellement existée.
En effet, une sépulture de Völva du IXe siècle a été découverte non loin de la forteresse de Fyrkat, à Öland. La sorcière viking y est présentée avec un char et deux chevaux et portant un bâton de 82 cm de long avec des gravures en bronze (un bâton de Seidr). Cette riche sépulture prouve l’importance des Völur dans la culture viking.
Or, même si les Völur sont très présentes dans les croyances nordiques, elles existent depuis bien plus longtemps. Ainsi, la Völva apparaît dans les commentaires sur la Guerre des Gaules, écrits par Jules César :
« Lorsque César demanda aux prisonniers pourquoi Arioviste n’avait pas livré un combat à outrance, il apprit que la raison en était la suivante : c’était chez les Germains une coutume que les mères de famille décident, après avoir consulté les signes et rendu les oracles, s’il convenait ou non d’engager un combat ; or elles disaient que le destin ne permettrait pas aux Germains de vaincre, s’ils engageaient le combat avant la nouvelle lune. »
L’historien romain Tacite parle également de ces femmes prophètes, dans son livre Histoires. Il cite notamment une certaine Veleda :
« Par un usage ancien, les Germains attribuaient à beaucoup de leurs femmes des pouvoirs prophétiques et, à mesure que la superstition se renforçait, même une véritable divinité ».
La Völva dans la mythologie nordique
Dans la mythologie nordique, la Völva est un personnage que l’on retrouve dans un grand nombre de récits. Freyja, la déesse de l’amour et de la beauté est certainement à l’origine de cette femme sorcière et chamane. Freyja est une Vane qui est retenue prisonnière en Asgard avec son frère et son père, suite à la trêve signée entre les Vanes et les Ases.
Les Vanes sont connus pour être de grands magiciens tandis que les Ases sont réputés pour leur bravoure guerrière. C’est donc tout naturellement que la déesse Freyja enseigne la magie Seidr aux dieux, mais également aux Asgardiens.
La légende du vol du marteau de Thor parle également de la Völva Gróa, aux dons de guérisseuse. Thor est blessé par le lance-pierre du géant Hrungnir car, plusieurs morceaux de pierre se sont incrustés dans son crâne. Il fait alors appel à la Völva Gróa afin que celle-ci parvienne à le guérir.
Or, durant ses incantations et son rituel de guérison, celle-ci est distraite par le dieu nordique qui lui donne des nouvelles de son mari, parti en quête. Ainsi, Thor gardera toujours les fragments de pierre incrustés dans son crâne.
La Völva dans la culture moderne
Le concept de la Völva est souvent repris dans la culture contemporaine. Celle-ci est d’ailleurs présente dans le jeu vidéo Assassin’s Creed : Valhalla, sous le nom de Valka. Elle aide le personnage principal, Eivor, dans sa quête en interprétant ses rêves.
0 commentaires