Les objets lĂ©gendaires et artefacts magiques peuplent les lĂ©gendes de la mythologie nordique. Certains d’entre eux sont des alliĂ©s prĂ©cieux des dieux, comme le Gjallarhorn. Cette corne lĂ©gendaire appartient au dieu Heimdall, le gardien du Bifröst. Lorsqu’il souffle Ă l’intĂ©rieur, les habitants des neuf mondes divins sont informĂ©s qu’une menace imminente est sur le point d’arriver. Heimdall s’en servira en effet pour annoncer le dĂ©but de la bataille du Ragnarök.
Gjallarhorn dans les récits historiques
En fonction des Ă©crits, Gjallarhorn est Ă©galement orthographiĂ© Giallarhorn. De plus, il n’est pas reprĂ©sentĂ© de la mĂȘme maniĂšre. En effet, dans certaines sources Gjallarhorn est une corne dans laquelle souffle un dieu Ase pour annoncer des Ă©vĂ©nements importants. En revanche, dans d’autres, il est prĂ©sentĂ© comme un lur, un instrument Ă vent scandinave, qu’Heimdall fait sonner en cas de menace. NĂ©anmoins, il est plus probable qu’il s’agisse d’une corne car, son nom tirĂ© du vieux norrois signifie : « cor retentissant ».
Gjallarhorn est mentionnĂ© dans de nombreux rĂ©cits historiques. Il est tout d’abord prĂ©sent dans l’Edda poĂ©tique, plus prĂ©cisĂ©ment dans le poĂšme « Völuspå » (« La ProphĂ©tie de la voyante »), comme en tĂ©moigne cet extrait :
« J’entends le Gjallarhorn retentir,
Le cor qui annonce la venue des géants ;
Il rĂ©sonne pour les dieux, et le terrible Ragnarök approche. »Â
On le retrouve Ă©galement dans l’Edda en prose de Snorri Sturluson, notamment dans la partie du « Gylfaginning ». Pour narrer la bataille du Ragnarök, l’historien du XIIIe siĂšcle Ă©crit :
« Quand ils seront ainsi rassemblĂ©s, ils verront venir un cheval courant dans l’air, du nom de Skinfaxi, et sa criniĂšre Ă©clairera autant le monde que le cheval mĂȘme. Ensuite, viendra un autre cheval, appelĂ© Hrimfaxi, et le fumier qu’il laissera derriĂšre lui formera la rosĂ©e du matin. A ce moment, se lĂšvera aussi le chien appelĂ© Garm, qui est enchaĂźnĂ© devant Gnipahellir : il est libre quand les dieux sont condamnĂ©s. Il a la gueule grande ouverte, et il souffle des flammes, tandis que le ciel se dĂ©chire en cet endroit.
Alors le fils de Loki et d’Angrboda viendra aussi : il chevauche Sleipnir, il est armĂ© d’une Ă©pĂ©e, et il entre en combat avec Heimdall et ils se tuent l’un l’autre. C’est Ă ce moment-lĂ qu’Heimdall sonnera son cor, si fort que le son en rĂ©sonnera dans tous les mondes. «Â
Par ailleurs, Gjallarhorn est représenté sur des vestiges historiques trÚs anciens tels que la Croix de Gosforth. Cette haute croix anglo-saxonne en pierre est composée de gravures représentant des scÚnes de la mythologie nordique :
- Loki enchaßné protégé par sa femme, Sigyn.
- Heimdall brandissant sa corne.
- Vidar désarticulant la mùchoire de Fenrir.
- Thor essayant de pĂȘcher Jörmungandr, le serpent de Midgard.
La croix de Thorwald, sur l’Ăle de Man et datant du XIIe siĂšcle reprĂ©sente un homme tenant un cor qui peut ĂȘtre associĂ© Ă Heimdall et Gjallarhorn.
La source MĂmisbrunnr
MĂȘme si Gjallarhorn est surtout connu pour ĂȘtre le cor lĂ©gendaire d’Heimdall, il est aussi la corne qui permet au dieu MĂmir, de boire de l’eau de la source MĂmisbrunnr. Cette eau divine est rĂ©putĂ©e pour apporter sagesse et connaissance Ă ceux qui la boivent.
Ainsi, chaque matin, MĂmir utilise Gjallarhorn pour s’abreuver de cette eau magique, devenant ainsi le dieu de la sagesse et de la connaissance. La strophe 26 du « PoĂšme de Grimnir » du GrĂmnismĂĄl l’explique bien :
« Une corne debout, là -haut on trouve,
AuprĂšs de la source du Vase :
A chaque jour les Ases doivent y boire,
Pour éviter les querelles. »
Gjallarhorn et le Ragnarök
Mais le rĂŽle le plus important du cor Gjallarhorn est celui qu’il joue aux prĂ©mices de la bataille du Ragnarök. Tous les dieux le savent grĂące aux prophĂ©ties, leur monde va sombrer dans le chaos. Loki sera accompagnĂ© des gĂ©ants de glace alors que les gĂ©ants de feu marcheront vers Asgard en traversant le Bifröst avec Ă leur tĂȘte, le gĂ©ant Surt.
Les habitants des neuf mondes divins se prĂ©parent Ă cet Ă©vĂ©nement dĂ©vastateur. Depuis bien longtemps, Heimdall a Ă©tĂ© choisi comme le gardien du Bifröst. Depuis sa forteresse Himinbjorg, tout en s’enivrant d’hydromel, il guette les arrivĂ©es vers le pont arc-en-ciel, reliant Asgard Ă Midgard. Et c’est ainsi, que le grand jour tant redoutĂ© arrive.
Heimdall voit surgir au loin l’armĂ©e des gĂ©ants de feu, prĂ©cĂ©dĂ©e par Surt. Sans perdre une seconde, le dieu Ase souffle de toutes ses forces dans Gjallarhorn. Le son qui sort de la corne est si fort, qu’il rĂ©sonne Ă travers les neuf mondes et prĂ©vient les dieux que la bataille va commencer.
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