La mythologie nordique est peuplée de mythes et de fables, offrant de nombreuses leçons de vie aux Vikings. Prélude de la légende de l’Anneau des Nibelungen, l’histoire de cette créature maléfique est également associée à celle du héros légendaire Sigurd. Ce mythe est fascinant car, avant d’être un dragon terrifiant, Fáfnir était un nain ordinaire.
Qu’est-ce qui a donc poussé ce gnome à prendre l’aspect d’un immense dragon en scellant ainsi son tragique destin ? Découvrez l’histoire passionnante de Fáfnir, le dragon légendaire incarnant la cupidité dans le folklore viking.
Les origines de Fáfnir
La légende de Fáfnir fait partie du cycle de Sigurd et est narrée dans différents récits scandinaves. Il apparaît en effet dans le poème héroïque de l’Edda poétique : Reginsmál mais également dans la saga islandaise Völsunga saga, décrivant la vie du clan Volsung. Voici un extrait traduit par Régis Boyer, professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves, citant Fáfnir :
« Le début de cette saga, c’est que mon père s’appelait Hreiðmarr, un homme grand et riche. Son fils s’appelait Fáfnir, le second, Otr [« Loutre »] et j’étais le troisième, le plus petit pour l’accomplissement et l’honneur.
Je savais travailler le fer et l’argent et l’or, et de chaque chose je faisais quelque objet utile.
Otr, mon frère, avait d’autres industries et une autre nature. C’était un grand pêcheur, et plus éminent que les autres hommes, il avait l’apparence d’une loutre pendant le jour et était constamment dans la rivière, remontant du poisson dans sa gueule. Il rapportait ses prises à son père, ce qui lui était d’un grand secours. Il avait tout à fait l’apparence d’une loutre, rentrait tard le soir et mangeait les yeux fermés et tout seul, car en terre sèche, il ne pouvait voir.
Fáfnir était de beaucoup le plus grand et le plus cruel et il voulait que toutes choses lui fussent déférées. »
Par ailleurs, Snorri Sturluson a repris cette histoire dans son Edda en prose, en lui consacrant toute une partie : Skáldskaparmál :
« Dans la saga des Völsungs, Fáfnir est décrit comme un dragon géant, autrefois un puissant nain, qui garde un trésor maudit. Après avoir tué son père pour obtenir la totalité du trésor, Fáfnir est maudit par l’or et se transforme en dragon pour protéger son butin. Il est finalement vaincu par le héros Sigurd, qui le poignarde dans le cœur avec l’épée magique Gram. »
La légende de Fáfnir
L’histoire de Fáfnir (traduit du vieux norrois par « l’embrasseur« ) est l’une des plus importante du peuple viking car, elle incarne de nombreux symboles. Elle est étroitement liée au cycle de Sigurd, un héros légendaire de la chanson des Nibelungen. Fáfnir est un nain, fils du roi nain Hreidmar et frère de Òtr et du forgeron nain : Regin.
La légende raconte que c’est un nain ordinaire, d’une nature profondément bonne mais doté d’un bras d’une puissance surhumaine.
La famille de Fáfnir
Selon la Völsunga saga, Hreidmar est un roi nain possédant une immense richesse. Il vit dans une maison entièrement recouverte de pierres précieuses et d’or scintillant, construite par son fils maître-forgeron, Regin.
Pour garder et protéger cette demeure luxueuse, Hreidmar choisit son deuxième fils Fáfnir, considéré comme le plus fort de la famille. Òtr, quant à lui, est un maître-pêcheur qui adore se transformer en loutre pour pêcher dans les lacs. En effet, les quatre nains sont également décrits comme des sorciers qui possèdent le don de métamorphose, pouvant ainsi se transformer à leur guise.
La fin tragique du nain Òtr
Un beau jour, les dieux Odin, Loki et Hoenir, alors en voyage, décident de se reposer près d’une cascade, sans se douter qu’ils se trouvent non loin de la maison d’Hreidmar. Loki, le dieu de la ruse et de la tromperie, remarque une loutre barbotant dans l’eau et décide de la chasser pour se régaler de sa chair. Pour savourer leur festin, les trois dieux se réunissent en la demeure du roi nain avant de se rendre compte de leur grave erreur. La loutre est en réalité le nain Òtr, le maître-pêcheur.
Lorsque Hreidmar apprend la nouvelle, il retient en otage les trois dieux et exige une compensation pour cette immense perte. Avide et cupide, il désigne Loki le coupable de lui ramener le poids d’Òtr en or. Si le dieu viking ne respecte pas son engagement, Odin et Hoenir resteront captifs pour l’éternité.
La tromperie de Loki
Loin de vouloir chercher des heures, Loki décide de voler le trésor d’Andvari, vivant non loin. Parmi le butin se cache une bague très précieuse pour le nain qui ne veut pas s’en séparer. Il supplie le dieu nordique de la lui laisser, mais Loki refuse catégoriquement. Aussi, pour se venger, le nain jette une malédiction sur la bague, alors que Loki repart les bras chargés d’or et de bijoux. Loki rapporte ainsi un anneau en or maudit engendrant la mort de tous ceux qui oseraient le porter. Néanmoins, il prévient Hreidmar qui décide tout de même de garder le trésor.
La malédiction d’Andvari
Hélas, quelques jours plus tard, l’anneau commence à jeter sa malédiction sur la famille de nains. L’avidité gagne peu à peu Hreidmar, au point qu’il refuse de partager son trésor avec ses deux fils. Furieux face à cet affront, Regin et Fáfnir élaborent un plan pour tuer leur père. Plus agressif que son frère, Fáfnir assassine sans remords Hreidmar et s’empare de son butin et surtout, de la bague. Obsédé par ses richesses, Fáfnir refuse de donner une part à Regin et le menace de l’éliminer s’il ne quitte la demeure familiale.
Ainsi, le destin des deux frères nains se séparent. Aveuglé par sa cupidité, Fáfnir use de son pouvoir de métamorphose pour se transformer en un dragon gigantesque et garder son précieux trésor.
Regin, quant à lui, devient le maître forgeron d’un roi danois et doit assurer l’éducation du héros Sigurd. Mais, il garde une énorme rancœur envers son frère. Chaque jour, avec la plus grande détermination, il élabore un plan machiavélique pour terrasser Fáfnir et récupérer sa part du butin. C’est pourquoi, il fait appel à Sigurd et à sa force légendaire pour combattre le dragon cupide.
La fin tragique de Fáfnir
Pour que Sigurd puisse accomplir son sombre dessein, Regin lui forge une épée magique du nom de Gram. Sigurd se rend alors sur le chemin qu’emprunte habituellement Fáfnir pour se rendre à une source d’eau afin de s’y abreuver. Il creuse une fosse afin de pouvoir se cacher et ne pas se faire prendre par le dragon.
La Völsunga saga précise qu’Odin apparaît sous la forme d’un vieux sage et conseille au héros de creuser plusieurs fosses afin de collecter le sang du monstre légendaire.
Le dragon se présente donc d’un pas lourd et assourdissant en crachant du feu de toute part. Sans s’en rendre compte, il marche sur la fosse où est caché Sigurd et se fait transpercer d’un énorme coup d’épée. Cette victoire héroïque lui a d’ailleurs valu le surnom de Sigurd, Fáfnisbani, « meurtrier de Fáfnir« . Or, avant de mourir, Fáfnir dévoile à Sigurd le sombre destin qui l’attend, notamment à cause de la malédiction de l’anneau d’Andvari. Il lui dit également de se méfier de son père adoptif Regin.
Le destin maudit de Regin et Sigurd
Une fois de retour auprès de Regin, celui-ci lui demande de faire cuire le cœur du dragon afin qu’il le dévore en signe de vengeance. Sigurd s’exécute et goûte quelques gouttelettes de sang en espérant gagner quelques pouvoirs. C’est ainsi qu’il découvre le plan machiavélique de Regin qui souhaite ardemment sa mort et qu’il acquiert le langage des oiseaux.
Fou de rage, Sigurd tue Regin en le décapitant d’un coup d’épée, boit son sang et celui du dragon puis, dévore son cœur. Plus puissant que jamais, Sigurd se rend dans le repaire de Fáfnir pour s’emparer du trésor qu’il chérissait tant et pour lequel il donna sa vie.
Hélas, la malédiction continuant son œuvre, Sigurd se fait assassiner par les guerriers Högni et Gunnar qui deviennent les nouveaux propriétaires du trésor maudit. Cependant, le sort n’est pas rompu pour autant et les légendes vikings racontent qu’il persistera éternellement.
La symbolique de la légende de Fáfnir
L’histoire de ce dragon est loin d’être un simple conte nordique que les mortels aiment se raconter au coin du feu. Elle possède une symbolique bien plus profonde en reprenant des valeurs essentielles pour le peuple viking. Il s’agit en effet d’un avertissement concernant la soif de richesse matérielle et l’avidité.
Elle met en garde les mortels cherchant toujours à posséder plus et à convoiter la richesse des autres. Cette morale explique que les richesses doivent servir à des fins plus honorables comme nouer des alliances solides et créer des communautés pérennes, le ciment de la culture nordique.
Fáfnir dans la culture populaire moderne
Le mythe de Fáfnir continue d’inspirer de nombreux artistes de la culture contemporaine. Dans L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner, il est un géant portant le nom de Fafner. On le retrouve également sous la forme d’un dragon terrifiant dans la bande dessinée des Schtroumpfs dans Le Pays maudit ou encore dans les séries bande dessinée Siegfried et Le Crépuscule des Dieux. Par ailleurs, dans la série animée Les Chevaliers du Zodiaque, le personnage de Siegfried de Dubhe porte une armure du nom de Fáfnir. Enfin, il est très célèbre dans les jeux vidéo comme :
- Final Fantasy XI,
- Final Fantasy XII,
- Age Of Mythology,
- Tales of Symphonia,
- Gof of War,
- Fire Emblem Heroes.
0 commentaires