Apparus en même temps que la création du cosmos nordique, Sól et Máni sont des divinités très anciennes. Frère et sœur, Sól est considérée comme la déesse viking du soleil et Máni, comme le dieu de la lune. Dans leurs chars tirés par deux magnifiques chevaux, Arvakr et Alsvidr, ils doivent déterminer le cycle des jours et des nuits. Mais, pour assurer cette quête essentielle, ils sont poursuivis sans relâche par deux loups sanguinaires : Sköll et Hati. Ils joueront d’ailleurs un rôle déterminant le jour de la bataille du Ragnarök.
Les origines de Sól et Máni
Sól est tiré du vieux norrois « Sun », qui veut dire « soleil » et Máni peut tout simplement être traduit par le mot « lune ». Les principales sources historiques qui mentionnent Sól et Máni sont :
- L’Edda poétique : notamment dans le poème « Völuspá » (La Prédiction de la Voyante) qui décrit la création du monde et des dieux nordiques. Mais on retrouve également certaines mentions dans le poème Vafþrúðnismál (Les dits de Vafþrúðnir).
- L’Edda en prose : dans la partie la Gylfaginning, Snorri Sturluson raconte la naissance de Sól et Máni :
« Il y avait un homme qui s’appelait Mundilfœri et qui avait deux enfants. Ils étaient si beaux et si splendides qu’il donna à son fils le nom de Mani et sa fille celui de Sol […] Mais les dieux se courroucèrent de cette présomption, aussi se saisirent-ils du frère et de la sœur : ils les placèrent en haut dans le ciel […] Mani dirige le mouvement de la lune et préside à la croissance et à son décours. »
Dans certains écrits scandinaves, Sól serait mariée à Glenr, alors que d’autres sources l’associent plutôt au dieu Dag, avec lequel elle aurait eu un fils du nom de Svanhild.
Sól et Máni, les astres célestes
Ainsi, Sól et Máni sont les enfants de Mundilfœri et sont réputés pour leur grande beauté. Snorri Sturluson les classifie au rang de divinités car, leur rôle dans la mythologie nordique est important.
La punition divine
En effet, Sól et Máni sont enlevés par Odin et les dieux Ases pour se venger de la vantardise de leur père. Ils décident de placer la sœur et le frère haut dans le ciel en les chargeant d’une mission sacrée. Celle de transporter la lune et le soleil au travers des neuf mondes divins pour assurer le cycle des jours et des nuits.
Pour qu’ils puissent aisément se déplacer, les dieux leur offrent deux magnifiques chevaux : Arvakr et Alsvidr. Pour leur permettre de galoper rapidement à travers les cieux, Odin fait graver des runes sur les oreilles d’Árvak et sur les sabots d’Alsvidr.
« Mais les dieux se courroucèrent de cette prétention, aussi se saisirent-ils du frère et de la sœur : ils les placèrent en haut dans le ciel et firent conduire par Sól les chevaux qui tiraient le char du soleil, lequel avait été créé par les dieux — afin d’éclairer les mondes — à l’aide d’une flammèche projetée hors de Muspell. Sous les épaules de ces chevaux, qui sont appelés Arvak et Alsvid, les dieux placèrent deux soufflets afin de les refroidir ; dans certains poèmes anciens on appelle cela l’ísarnkol. »
Toujours dans le but de punir l’orgueil de Mundilfœri, Odin lance à la poursuite des deux astres célestes, deux loups sanguinaires : Sköll et Hati. Ainsi, Sköll poursuit Sol, la déesse du soleil, tandis que Hati court après Mani, le dieu de la lune.
L’enlèvement de Bil et Hjúki
Toute la journée, Sól parcoure les neuf mondes afin de leur faire bénéficier de la lumière et de la chaleur des rayons du soleil. Máni prend alors le relais afin de faire tomber la nuit en tirant la lune depuis son char.
Par ailleurs, les légendes racontent que Máni aurait enlevé deux enfants de la terre portant le nom de Bil et Hjúki. Ils revenaient de la source Byrgir en portant sur leurs épaules le seau Sæg. Depuis lors, ils accompagnent la lune et il est même possible de les voir depuis la terre, comme le narre Snorri.
La fin tragique de Sól et Máni
Le manuscrit islandais médiéval « Codex Upsaliensis » nous dévoile cependant que le jour de la bataille finale du Ragnarök, Sköll et Hati parviennent à engloutir le soleil et la lune. Les ténèbres s’abattent alors sur l’ancien monde, signant le crépuscule des Dieux, comme en témoigne cet extrait.
« Le loup Mánagarm dévorera la lune et aspergera de sang le ciel et l’air tout entier ».
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