Le terme berserker (ancien norrois berserkr, pluriel berserkir) fait référence à un guerrier-fauve. Ce dernier entre dans une fureur sacrée, connue sous le nom de berserksgangr en vieux norrois, qui signifie « marche, allure du guerrier-fauve ». Cette transe le rend surpuissant et capable d’accomplir des exploits incroyables. Les berserkers combattent dans un état de transe provoqué par l’esprit animal du guerrier (ours, loup ou sanglier). Cette fureur serait liée à l’animal totem de la personne.
Qu’est-ce qu’un Berserker Viking ?
Origines et étymologie : pourquoi le nom Berserk ?
Le terme « berserker » vient du vieux norrois « berserkr », signifiant « peau d’ours« . Cela renvoie aux guerriers qui portaient des peaux d’ours, symbolisant leur force brute. Selon Régis Boyer, linguiste et traducteur français, ce terme décrivait un guerrier-fauve viking combattant sans chemise, protégé par une peau d’ours. Ils étaient souvent associés au dieu Odin, renforçant leur statut mystique et guerrier. Dans la mythologie, les berserkers étaient vus comme des guerriers d’Odin, représentant l’équivalent vivant des Einherjar.
Guerre psychologique
Les berserkers utilisaient leur apparence et leur comportement pour effrayer leurs ennemis. Vêtus de peaux d’animaux et entrant dans des transes violentes, ils hurlaient et grognaient comme des bêtes sauvages, semant la terreur parmi leurs adversaires. Leur capacité à ignorer la douleur et à continuer à se battre, même gravement blessés, contribuait à leur réputation terrifiante.
Caractéristiques et comportement des Berserkers
Les berserkers étaient connus pour leur apparence intimidante et leur comportement sauvage. En combat, ils se distinguaient par leur rage incontrôlable et leur force surhumaine.
Apparence physique
Les berserkers portaient souvent des peaux d’animaux ou des casques ornés, comme celles des ours ou des loups. Ce choix vestimentaire symbolisait leur lien avec ces créatures et renforçait leur image de guerriers-fauves. Combattant parfois nus sans armure, ils ajoutaient à leur aura de sauvagerie.
Style de combat
Leur style de combat était unique et redoutable. En entrant dans une transe guerrière, appelée « berserkergang », ils devenaient presque invincibles. Cette frénésie leur permettait de combattre avec une force et une endurance hors du commun. Leur rage et leur mépris du danger les rendaient redoutables sur le champ de bataille.
Maraudeurs des bois et guerriers totémiques
Ils vivaient en maraudeurs dans les bois, affrontant seuls les rudes hivers scandinaves. Comme tous les membres des sociétés secrètes chamaniques, les berserkers acquéraient leur pouvoir à travers des pratiques rituelles. Ces pratiques incluaient des périodes d’isolement extrême, le jeûne, l’exposition à des températures extrêmes, et des danses armées en groupe avant le combat.
Ulfheðnar ou Ulfarks, les guerriers loups
Les ulfheðnar étaient des guerriers élites de l’ère viking, souvent associés aux loups. Ils portaient des peaux de loup et se comportaient comme ces animaux sauvages. Les ulfheðnar étaient redoutés pour leur capacité à entrer dans une rage furieuse au combat, similaire aux berserkers. Ces guerriers étaient souvent considérés comme des serviteurs d’Odin et du dieu Tyr, leur comportement rappelant la nature indomptable et mystique des dieux.
Svinfylkingar, les guerriers sangliers
Les sangliers occupaient une place importante dans le paganisme germanique, apparaissant fréquemment dans la mythologie et les pratiques religieuses. Ils étaient particulièrement associés aux dieux Vanes, tels que Freyr et son sanglier Gullinbursti ainsi que Freyja.
Les guerriers Svinfylkingar, semblables aux berserkers, pouvaient se transformer rituellement en sangliers pour gagner en force, courage et protection lors des combats. On suppose que ce processus était lié au port de casques ornés de motifs de sanglier, intégrés dans des costumes rituels. Ces transformations symboliques renforçaient leur lien avec la nature et leur rôle de combattants redoutables.
Objectif et transformation des Berserkers
Dans leur environnement naturel, les berserkers adoptaient les comportements et les habitudes de leur animal totem. Ils subvenaient à leurs besoins par la chasse et en menant des raids dans les villages.
Identité et caractéristiques des animaux totémiques
Les berserkers cherchaient à incarner littéralement l’identité et les caractéristiques d’un ours ou d’un loup au combat. Ils ne se contentaient pas d’imiter ces animaux, mais visaient à devenir eux par des pratiques méthodiques.
Pratiques et rituels chamaniques
Les rituels incluant la consommation de drogues, d’alcool et des actes symboliques comme boire le sang d’un ours ou d’un loup, les aidaient à atteindre cet état. Vivre dans les bois et imiter ces animaux préparait leur transformation et les plongeait dans un état de frénésie.
Rituels et Métamorphose : Consommation de sang et transformation physique
Un des rituels finaux impliquait de boire le sang d’un ours ou d’un loup. Par exemple, dans la saga viking islandaise « Egils Saga Skallagrímsonar« , un berserker est décrit se transformant littéralement en ours, semant la terreur et la destruction.
La signification de « Hamask » et « Hamrammr »
Dans la mythologie nordique, « devenir fou » ou « hamask » signifie « changer de forme ». Ceux qui réussissaient cette transformation étaient appelés « hamrammr » ou « forts en forme ». Les récits décrivent parfois des transformations physiques spectaculaires, bien que probablement exagérées. Par exemple, la « Saga d’Egil » parle de berserkers ayant une apparence de trolls plutôt que d’humains.
L’Impact des Berserkers sur l’image des Vikings
Les comportements extrêmes des berserkers ont contribué à façonner une image négative des vikings. Bien que souvent exagérées, ces descriptions ont laissé une empreinte durable sur la perception de la société nordique ancienne.
Distorsion de la réalité historique
Les récits de pillages violents attribués aux vikings sont souvent exagérés et ne reflètent pas fidèlement la réalité de leur société. Contrairement à cette image, les vikings avaient des structures sociales plus équilibrées et ne se comportaient pas de manière aussi destructrice que les récits populaires le suggèrent.
Influence des Berserkers sur les sagas
Les idées fausses sur les vikings peuvent, en partie, être attribuées aux berserkers. Dans les sagas scandinaves, ils sont souvent dépeints comme des prédateurs violents, perturbant la paix de la communauté. Cette image a été renforcée par des descriptions telles que celles de Saxo Grammaticus dans « Gesta Danorum« , où il décrit les jeunes guerriers berserkers comme dévastant tout sur leur passage.
Comportements violents et exactions
Leur comportement psychotique, incluant des pillages et des violences sexuelles, a contribué à cette image négative. Saxo Grammaticus décrit comment ces guerriers enlevaient femmes et filles, dévastaient les maisons et tuaient sans discernement, créant une image durable de chaos et de brutalité.
Rôle et déclin des Berserkers dans la société scandinave
Les berserkers, connus pour leur comportement dangereux, ont joué un rôle crucial dans les stratégies militaires des rois scandinaves. Leur déclin progressif est un reflet des changements sociaux et juridiques au sein des sociétés nordiques.
Utilisation stratégique et association avec Odin
Les rois scandinaves ont exploité la férocité des berserkers pour des avantages tactiques sur le champ de bataille. Leur association avec Odin, le dieu de la royauté, renforçait leur rôle mystique et stratégique.
Les berserkers : troupes de choc et avant-garde
Le comportement maniaque des berserkers choquait les troupes étrangères. Les rois scandinaves comme Harald à la Belle Chevelure (Harald Hårfagre) et Halfdan le Noir (Halfdan Svarti) les utilisaient comme troupes de choc ou avant-garde dans les batailles, pour ouvrir la voie à l’armée et semer la peur chez l’ennemi. Leur envoi au combat servait également à gagner la faveur d’Odin, avec qui ils étaient étroitement associés. Les berserkers étaient parfois utilisés comme gardes du corps royaux.
Hors-la-Loi et déclin des berserkers
L’évolution des lois et des normes sociales a conduit à la mise hors-la-loi des berserkers. Leur exclusion progressive est un témoignage de la transformation des sociétés scandinaves au cours des siècles.
Première mention et interdiction
Leur folie était telle que même les vikings finirent par les mettre hors la loi. La première mention de berserkers apparaît dans un poème nordique sur Harald à la belle chevelure, le premier roi de Norvège (860-940), décrivant une bande de guerriers portant des peaux d’animaux. Cependant, dès 1015, la Norvège avait officiellement interdit les berserkers, et les codes juridiques de l’Islande ancienne les mentionnaient spécifiquement, les déclarant hors-la-loi. Au 12e siècle, les berserkers avaient pratiquement disparu.
Théories et spéculations sur les Berserkers
Les berserkers restent un sujet de fascination et de spéculation. Les historiens tentent de comprendre les véritables raisons derrière leur comportement exceptionnel.
Hypothèse de l’utilisation de drogues
En 1784, un prêtre nommé Ödmann a proposé que la furie des berserkers était causée par la consommation de champignons amanites (Amanita muscaria). Cette théorie s’est popularisée et persiste aujourd’hui. Ödmann basait son hypothèse sur des rapports concernant les chamans sibériens, mais sans observations personnelles des effets de ces champignons.
L’agaric blanc a également été suggéré comme cause de la furie berserk, mais sa toxicité rend cette idée peu plausible. La consommation de champignons agariens peut entraîner une dépression et rendre l’utilisateur apathique, des traits qui ne correspondent pas aux descriptions des berserkers.
Le Claviceps purpurea, contenant un composé utilisé pour synthétiser le LSD, a aussi été proposé. Cependant, l’absence de mentions de champignons dans les sagas rend cette hypothèse douteuse. La théorie la plus probable suggère que les berserkers entraient dans une transe hypnotique auto-induite par des rituels avant la bataille, comme mordre les bords de leurs boucliers. Dans cet état dissociatif, ils perdaient le contrôle conscient de leurs actions, augmentant leur force musculaire et diminuant leur sensibilité à la douleur.
Diminution de la responsabilité
Cet état d’automatisme psychomoteur peut être comparé à ce que la psychiatrie légale décrit comme une « responsabilité diminuée ». Après la bataille, les berserkers subissaient une catharsis émotionnelle sous forme de fatigue et d’épuisement, parfois suivie de sommeil. Les chercheurs pensent que ces transes permettaient d’exprimer des impulsions agressives dans un rôle socialement défini. Avec l’introduction du christianisme, ces pratiques furent considérées comme démoniaques et disparurent.
Premières sources sur les Berserkers
Les premières sources écrites sur les berserkers se trouvent dans les écrits romains du premier siècle de notre ère. Dans son livre « Germania », l’historien Tacite décrit les guerriers d’élite parmi les tribus allemandes d’Europe du Nord. Au VIe siècle, l’historien romain Prokopios a écrit à propos des « héros sauvages et sans loi » du nord, décrivant comment ils allaient presque nus au combat, vêtus seulement de pagnes pour montrer leur dédain des blessures.
Ces guerriers, appelés « heruli« , ne portaient ni casque ni cotte de mailles et n’utilisaient qu’un bouclier léger pour se protéger. Ils sont originaires de Sjæland ou Fyn dans le Danemark actuel, mais on les retrouve aussi en Norvège. Les Heruli ont souvent servi comme bandes de guerriers dans l’armée romaine, de la même manière que les berserkers.
Les berserkers sont fréquemment mentionnés dans les sagas, les poèmes skaldic, et d’autres écrits médiévaux. Dans un contexte chrétien, la mémoire de ces guerriers s’est étendue pour devenir une étiquette pour ceux qui se distinguaient des normes de la société : voyous, flibustiers, et pirates. Dans le premier recueil de lois islandais, Grågås, il est dit qu’un berserker enragé pouvait être lié ou exilé.
Loups païens : le surnom des Berserkers
La plus ancienne source écrite connue sur les berserkers est le poème skaldic du IXe siècle « Haraldskvadet », attribué au poète Torbjørn Hornklove. Évoquant la bataille de Hafrsfjord, il écrit : « Les berserkers rugirent là où la bataille faisait rage, les loups hurlèrent et les armes de fer tremblèrent. »
Dans la saga de Grette, les guerriers de cette même bataille sont décrits comme des « loups païens » portant des couvertures de loup comme armure, invulnérables au fer. Dans la saga Volsung, les berserkers sont décrits comme des gardes d’Odin, « fous comme des chiens et des loups, mordant leurs boucliers, forts comme des ours ou des bœufs, tuant tout le monde sans être affectés par le feu ».
Héritage culturel : films, livres et jeux vidéo
Les berserkers ont laissé une empreinte durable dans la culture populaire moderne, apparaissant dans divers films, livres et jeux vidéo.
Films
- « The 13th Warrior » (1999) : Inspiré du roman « Les Mangeurs de morts » de Michael Crichton, ce film met en scène des guerriers vikings, dont certains montrent des traits de berserkers.
- « Vikings » (2013-2020) : La série télévisée historique présente plusieurs personnages ressemblant aux berserkers, montrant leur férocité et leur état de transe en combat.
- « Outlaw King » (2018) : Bien que se déroulant en Écosse, ce film inclut des guerriers féroces rappelant les berserkers par leur brutalité et leur style de combat.
Livres
- « Eaters of the Dead » de Michael Crichton : Ce roman revisite l’épopée de Beowulf et inclut des descriptions de guerriers berserkers.
- « Norse Mythology » de Neil Gaiman : Ce recueil de mythes nordiques contient des histoires mettant en scène des berserkers et d’autres guerriers légendaires.
- « The Last Kingdom » de Bernard Cornwell : Cette série de romans historiques évoque les vikings et leurs guerriers, y compris ceux présentant des caractéristiques de berserkers.
Jeux vidéo
- « Assassin’s Creed Valhalla » (2020) : Ce jeu vidéo propose une immersion dans le monde des vikings, incluant des personnages inspirés des berserkers.
- « God of War » (2018) : Bien que centré sur la mythologie grecque et nordique, le jeu présente des ennemis et des alliés avec des traits de berserkers.
- « Hellblade: Senua’s Sacrifice » (2017) : Ce jeu, influencé par la mythologie nordique, inclut des éléments de folie et de rage rappelant les états de transe des berserkers.
Conclusion
Les berserkers, par leur férocité et leur mysticisme, continuent de captiver notre imagination. Leur image de guerriers sauvages et invincibles perdure à travers les récits historiques et les représentations modernes. Leur rôle dans la mythologie nordique et leur influence sur la culture populaire soulignent leur importance durable.
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